Les Chroniques d'Océane

Mardi 5 mai, j’ai pu passer la journée à la biberonnerie de la maternité.
En effet, la cadre de mon service a jugé important que je sache et comprenne bien le parcours et la provenance du lait avant qu’il atterrisse dans nos mains en suite de couches.
Cela n’a pas l’air comme ça mais c’est vraiment important, très encadré et très rigoureux.

Je suis donc arrivée à sept heures dans le service. J’ai été accueillie par une des auxiliaires de puériculture et j’ai attendu la cadre de service.
L’équipe est composé de 7 AP et de 3 Agents des services hospitaliers (ASH). La cadre est une infirmière-puéricultrice. Le service fonctionne sept jours sur sept. Les AP sont en 8h.

Dès son arrivée, la cadre m’a présenté le service : son rôle, son importance. Puis, j’ai visité en essayant de bien comprendre les règles de conservation du lait en fonction de son origine (artificielle, maternelle,…), en fonction de sa date de congélation, de sa date limite de consommation, etc… J’avoue ne pas avoir tout retenu et je pense que je serais incapable de me souvenir de tout ce que j’ai appris ce jour là. J’ai visité la salle de préparation, la salle de réception du lait maternel (avec son frigo spécial), la salle de conservation et de refroidissement du lait (avec ses deux frigos et son congélateur), la salle de pause (partagée avec le service de stérilisation), le vestiaire et enfin la réserve.
C’est une véritable caverne d’Ali Baba du lait ( et du stérile parce qu’elle contient aussi tout les kits de bloc opératoire, soigneusement empaquetés).                                                   
La cadre m’a expliqué les différentes préparations et les différent laits en fonction de l’age du nouveau-né et de ses besoins.

Je vous explique rapidement. Bien sur, libre à vous de sauter ce passage, je comprends que certains ne soit pas du tout intéressés.
Il existe donc :
– Le lait Artificiel 1er Age pour les 0 à 6 mois et 2ème Age ensuite.
– Le lait pour les prématurés 1 (prématurés de plus de 32 semaines, ou de moins de 1800g) et 2 (prématurés de plus de 1800g).
– Différents laits enrichis en protéine ou en glucides. Certains laits sont hydrolysés (c’est à dire qu’ils sont digérés afin que le système digestif immature du bébé n’ai pas à détruire les molécules de protéine, le bébé reçoit directement les protéines sans avoir besoin de les digérer. Il en existe même un ou le bébé ingère directement à l’état d’acides aminés qui sont la base des protéines).
– Les épaississants pour les bébés qui font des fausses-routes (qui s’étouffent quand c’est trop liquide).
– Les préparations peuvent aussi être sans lactose, hypoallergénique, adapté pour les hypoglycémies, supplémenté en vitamines.                                                 

Les laits artificiels sont fait à partir de lait de vache (mais aussi brebis, chèvre si intolérance).
Il existe aussi le lactarium. C’est du lait maternel lyophilisé (lait en poudre qui est ensuite réhydraté, issu d’un don de lait maternel). Ces laits sont très chers (400€ les 250ml) et donc utilisés exclusivement chez les grands prématurés (moins de 32 semaines ou moins 1500g).

Enfin le lait maternel personnel que la maman « tire » et envoie en biberonnerie pour conservation et qui lui ai restitué quand bébé en a besoin. Les laits maternels sont soumis à une extrême réglementation de conservation, de congélation, et de distribution.

Après cette visite, je me suis habillée => tenue de bloc verte (pas de blouse perso), sur chaussures, masque, sur-blouse et charlotte et j’ai rejoins une AP pour la préparation des biberons.
Chaque matin, les différents services envoie une fiche de leurs besoins en biberons avec la quantité et la composition (enrichis, lait spécifiques). Les AP sont répartis en 4 postes distincts et chacune prépare les biberons des services en fonction de son poste.
Elle m’a montré comment pesé les quantités de poudre de lait, et comment les réhydratés selon un pourcentage de reconstitution propre à chaque lait.

Quand tout est prêt, il faut transvaser dans les biberons (préalablement étiquetés au nom  de l’enfant) et direction le frigo pour refroidissement de 30min.
Les préparations peuvent aussi être transvaser dans des seringues si jamais le bébé ne peut pas prendre le biberon.

Ensuite, j’ai rejoins une autre AP en salle de réception de lait maternel pour préparer des seringues de lait dans lequel on a rajouté des éléments. Ce lait est surtout destiné aux services de Néonat.

Pour finir, c’est le grand ménage. Toutes les surfaces sont désinfectées, le matériel est lavé puis envoyé en stérilisation, les biberons sont contrôlés et envoyés en service (via agent de transport) et la fin de journée est finalement vite arrivée.

Concernant les marques de lait en poudre, la maternité fait des appels d’offres et chaque laboratoire envoie son lait. Toutes les marques sont représentées et les différents laits sont utilisés de façon tournante ainsi un labo n’est pas favorisé par rapport à un autre.

C’était enrichissant de voir comment fonctionnait ce service, d’essayer de comprendre et de retenir toutes les informations données. Une journée fut toutefois suffisante car on ne peut pas non plus dédier plus de jours de stage IDE à ce genre de service, il n’y a pas beaucoup de techniques et encore moins de relationnel mais ça vaut le coup.
On se rend compte de l’envers du décor et de son importance.

Si vous avez des questions, des remarques, n’hésitez pas !

Merci de votre lecture =D