Quelques jours en Hôpital de Jour pédiatrique…

Mardi, mercredi et demain, je continue à parcourir la Maison de la Femme, de la Mère et de l’Enfant de Fort de France et je passe quelques jours en HDJ Péd.

L’hôpital de jour est une structure qui permet au patient de recevoir des soins hospitaliers le temps d’une journée sans avoir à être hospitalisé sur une longue période.
Ici, les enfants viennent pour des bilans, des tests (glucagon, Synacthène…) pour confirmer un diagnostic, pour des préparations au bloc en ambulatoire (pré et post op), des échanges transfusionnels, etc…
Ils ont rendez-vous et sont attendus en début de matinée c’est à dire 7h environ.
Le service ne fonctionne pas les jours fériés, ni les we, ni la nuit.
Il y a deux infirmières puéricultrices et une auxiliaire de puériculture le matin.charte-enfant-hospitalisé.jpg

Dans cet article, je vais vous parler de ce qui m’a le plus à la fois impressionné et passionné : l’échange transfusionnel. Attention à ceux qui ne supportent pas les aiguilles, le sang, etc… Il y aura des photos et des explications techniques donc âmes sensibles s’abstenir !

L’échange transfusionnel est pratiqué dans ce service chez l’enfant drépanocytaire.
La drépanocytose est une maladie génétique, transmises par les parents, qui atteint l’hémoglobine des globules rouges. En cas de stress (hypoxie, déshydratation, variation de température), l’hémoglobine mutante se rigidifie et prend une forme de faucille (au lieu d’une forme de donut sans trou pour l’hémoglobine normale). Cela peut boucher les vaisseaux et entraîner une anémie sévère, des crises douloureuses et des infections (à cause d’une insuffisance fonctionnelle de la rate). Les formes graves surviennent chez 5 à 10% des enfants et causent des sévères complications comme des AVC et peuvent mener au décès. Il existe une grande variabilité inter-individuelle dans l’expression clinique de la maladie : 20% des enfants atteints n’auront aucune complications jusqu’à l’age adulte et 50% ne connaîtront jamais de crise douloureuse.

L’anémie est une diminution de fer dans le sang causé par une chute de l’hémoglobine. Cela entraîne de la fatigue, des troubles respiratoires, une tachycardie (accélération cardiaque), une baisse de tension, des acouphènes, une pâleur, etc…
Le drépanocytaire a un taux d’hémoglobine plus bas que la normale et tolère des normes beaucoup plus basses. Il se doit de connaitre son hémoglobine de base. En cas de déglobulisation aiguë, on a recours à l’échange transfusionnel (ET).
Cela consiste à saigner et transfuser le patient en même temps pour maintenir son taux d’hémoglobine mutant à un seuil inférieur à 40%. Les ET ont lieu tous les mois en moyenne.

Pour les patients de plus de 25 kg, cela peut se faire sur machine. En dessous, c’est fait de façon manuelle. J’ai pu assister à deux ET sur machine.
Les photos ci-dessous ont été faites en situation avec l’accord d’un petit garçon de 10 ans que nous appellerons Max pour préserver son identité.
Max est né avec la drépanocytose. A 3 ans, un incident médical au niveau cérébral poussent les médecins à lui faire des ET réguliers.

machine-echange-transfusionnel.jpg
Machine d’ET

Après des formalités et des prises de constantes, on pose à Max deux cathéters rattachés à deux perfuseurs : un pour la saignée (le rouge) et un pour la transfusion (le bleu)

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Catheter de transfusion
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Cathéter de saignée

Pour ce qui est du circuit, ce n’est finalement pas si compliqué que ça. Le sang déglobulisé part de Max, suit la tubulure jusque dans la machine. Là, le plasma est séparé des globules rouges (hématies)par centrifugation. Le plasma est réinjecté à Max par le cathéter bleu et les hématies sont envoyées dans une poche récupératrice.

poche-recuperatrice-echange-transfusionnel.jpg
Poche récupératrice

Par l’autre cathéter, le sang provenant de l’Etablissement Français du Sang est injecté à Max après les contrôles réglementaires et la vérification de la compatibilité sanguine comme une transfusion normale.

Juste avant d’envoyer le sang, on attend un moment que Max soit en hypovolémie pour éviter un sur-remplissage. On lui injecte quand même du sérum physiologique. Le nombre de poches injectés et la quantité de sang purgé est fonction du poids de l’enfant.

cassette-Echange-Transfusionnel.jpgCeci est la cassette, tout les branchements et les tubulures passent par elle. C’est le centre de la machine. En jaune, c’est le plasma, en rouge, le sang, le tube orange à gauche est pour l’anticoagulant et le vert pour le sérum physiologique.

Avant d’envoyer le sang et de faire la saignée, tout le circuit est purgé avec du sérum physiologique, et un anticoagulant rempli les tubulures pour éviter la coagulation du sang qui pourrait tout boucher. L’air des tubulures purgées revient dans une poche à air. Tout le circuit est clos.

poches-échange-transfusionnel.jpg
Toutes les poches !

La machine guide l’IDE et le médecin. C’est elle qui prend les décisions et qui indique la marche à suivre. Elle réagit en cas d’obturation, de débit trop faible ou trop fort, etc…
Le patient est scopé (prise de tension, fréquence cardiaque, saturation en oxygène) en permanence et on prend ses constances au moins toutes les 5 minutes. Cela permet de détecter le moindre problème. Il est aussi sous lunettes à oxygène (2 litres/min), c’est à dire qu’il respire de l’oxygène en plus par rapport à l’air ambiant.

echange-transfusionnel.jpg
Le brassard a tension est posé au pied car les deux bras sont perfusés ce qui en contre-indique la pose.

Le temps d’un échange transfusionnel est variable. Pour Max cela a duré 62 minutes. Cela dépend du nombre de poche de sang à passer.
Une heure après, on fait une prise de sang  à l’enfant pour vérifier son taux d’hémoglobine.
C’est un processus long, invasif, compliqué et il demande rigueur et précision. Les enfants sont habitués à cela puisqu’ils le subissent une fois par mois mais font preuve d’un réel courage.

Cela me permet de faire une parenthèse sur le courage de ces enfants que j’ai pu rencontrer. Ils grimacent à peine lorsqu’on leur fait une prise de sang, ils respirent un grand coup  quand on leur pose un cathéter et ça va mieux. Ils sont courageux et toujours enjoués. Ils sont des exemples et une excellente raison de se battre et d’avancer.

Voila, j’en ai terminé. J’espère que vous avez compris ce que j’ai tenté de vous expliquer. Pour ceux qui ne sont pas du monde médical et qui ont quand même lu, d’abord je vous remercie et j’espère que vous avez réussi à comprendre malgré le jargon. Pour les autres, je pense avoir tout dit.
Malgré tout, si vous avez des questions, comme toujours, je tenterai d’y répondre. Merci d’avoir pris le temps de me lire ! =D


Une réflexion sur “Quelques jours en Hôpital de Jour pédiatrique…

  1. Waouh c’est génial ! Tu explique au trop bien ! C’est très intéressant ! Et quoi dire d’autre apart que le courage de ces petits est merveilleux ! Et au top sur la transfusion du coup maintenant ! 😉

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