Voila déjà plusieurs mois que je n’ai rien écrit sur ce blog. Peut être le besoin de faire un break après la Martinique et de me réapproprier mon univers et mes habitudes ? En tous cas, je n’avais pas envie d’écrire, ni de raconter ma vie. Mais en ce lundi 10 août 2015, ça me reprends et je reviens vous raconter mon quotidien.
Après la Martinique, je suis partie en stage en libéral ou à domicile. J’avais demandé ce stage pour pouvoir appréhender cette pratique et savoir si je pouvais m’y projeter dans un futur lointain. Dans l’idée, on va chez les gens pour prodiguer des soins.
Cinq semaines, ce fut à la fois bien assez long et bien trop court. Le rythme est harassant mais les soins et le suivi des patients nous amènent à nous attacher à eux et à la routine qui s’installe.
J’ai beaucoup appris (comme à chacun de mes stages) : je me suis réconciliée avec les prises de sang, j’ai approfondi ma connaissance de certains traitements et j’ai appris l’adaptation à l’environnement du patient.
On entre dans l’intimité du patient, dans son histoire, sa vie, sa famille. L’entourage ne se réduit plus à quelques photos sur un mur, ce sont des personnes bien vivantes qui partagent aussi notre quotidien. Chose que l’on a parfois tendance à oublier en service ou en EHPAD.
Les patients nous accueillent chez eux, dans leurs meubles, leurs affaires. Parfois après une piqûre, on partage un café, parfois même un petit déjeuner. Parfois, on ne dit rien, on fait, et on s’en va.
J’ai effectué mon stage en plein Ramadan et j’ai donc pu aussi partager la vie de ses malades qui pour des raisons de santé ne peuvent pas faire le jeun. Ce furent aussi des moments de partage et d’écoute, de compréhension et de curiosité.
Pendant ce stage, j’ai été confronté à la fin de vie à domicile avec les difficultés et les avantages que cela apporte : le soutien aux familles, les dernières volontés ( Voulez-vous un peu d’eau, Mr X ? Non, mais je prendrais bien une petite bière ! => situation réelle. Pour la petite histoire Mr X a eu sa bière et son whisky et son sourire faisait plaisir à voir.), la dégradation de l’état de santé, etc… Tant de choses qui interpellent et qui nous remettent en face des réalités.
On partage aussi les moments de joies comme les naissances, on vient faire une piqûre et on repart avec un paquet de dragées et le sourire d’un nouveau-né.
On s’occupe des personnes âgées à domicile, celles qui refusent de partir de chez elles et qui arrivent à rester dans leur univers. On côtoie alors un monde fou : auxiliaire de vie, aide-soignante, tuteur, pharmacie, portage de repas, médecin, loueur de mobilier de soins,…. tout ce beau monde pour que la personne puisse continuer à vivre chez elle dans les meilleures conditions.
C’est aussi s’occuper des retours à domicile des patients après une hospitalisation. On se rend alors compte de certaines pratiques. On passe des semaines à soigner une mycose, à améliorer l’état d’un escarre qui était déjà presque cicatrisé, à rassurer une mamie qui jure qu’elle n’y retournera plus jamais.
Bien sur, je ne jette la pierre à personne parce que j’ai été des deux côtés et je sais bien que rien n’est jamais ni simple ni évident. Que parfois malgré le mal qu’on se donne, les résultats n’arrivent pas et qu’on renvoie les gens chez eux dans des conditions difficiles. Je suis la première à m’en rendre compte et à le déplorer. Je dis juste que quand on voit cela, à la maison, on se promets à soi-même de toujours faire son maximum pour éviter des situations comme ça.
Nous ne sommes ni des héros, ni des fées, juste des soignants qui faisons le maximum.
Les horaires sont variables mais on apprend vite que le patient passe et passera toujours avant. Pendant 5 semaines, j’ai mangé à 15h30 en rentrant chez moi, je finissais rarement avant 15h et je commençais à 7h. Le soir, parfois, je reprenais à 17h30 et je finissais rarement avant 21h. Pour moi, ce n’étais que quelques soirs par semaines, pour les infirmières c’était tout les jours à tour de rôles (we et vacances comprises).
La relation au patient, le rythme, les soins, la spécificité du domicile, les moments de vie partagés, autant de points que je devrais prendre en compte si jamais je décide un jour de prendre cette voie. Mais une chose est sûre, je m’étais terriblement attachée à ces patients et il m’arrive souvent de penser à eux.
J’espère que cet article vous a plu. Dites moi si vous voulez que je continue à vous raconter mes stages et mon expérience… au moins en attendant mon prochain voyage !
A bientôt !
moi j’adore te lire et j’adore le domicile
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Merci Valérie !!
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